Cher M. Dali :
J’ai lu presque tous vos livres. J’ai acheté un grand bouquin qui contient
tous vos tableaux que je ne range jamais dans mon bureau. Je vous ai même
cherché parmi les pages d’autres auteurs… je vous poursuis partout… Obsession ?
Je ne sais pas. D’ailleurs, il me faut beaucoup de poésie pour vous révéler
l’importance que vous avez pour moi.
Toutefois, ils m’ont averti que vous étiez fou. Et d’habitude la folie est
comme le sourire, contagieuse. C’est faux ! Vous n’étiez guère fou. Mais
pire. Vous étiez un homme qui essayait de se faire passer pour un fou et qui a fini
par devenir un « Pervers polymorphe retardaire », comme vous le
disiez vous-même. Oui, vous étiez plus qu’un fou, vous étiez malade. Sans que
vous le sachiez, je me promenais avec vous dans les zones les moins éclairées
de votre pensée. Je connaissais bel et bien les dangers de vos impulsions ;
car c’était moi ce petit être qui se manifestait dans tous vos œuvres. J’étais
votre Dullita que vous vouliez jeter du haut du Moulin de la Tour. J’étais
l’ombre de Gala, qui luttait jour et nuit pour tuer les démons qui habitaient
votre tête et votre corps... Mais malgré tout, je ne peux qu’apprécier la
richesse de votre imagination, votre intelligence intuitive, et votre liberté
folle,
pleine d’élan de la nature et
de spontanéité. Grâce à vous, j'ai appris à davantage comprendre mon moi secret,
qui cherche à toute occasion à s’échapper du normal, de l’acceptable, de
l’admis. Grâce à vous, j’ai osé porter mes os au-dessus de ma peau, me raser
complètement les cheveux, pousser une moustache, porter mes chaussures sur ma
tête et marcher toute nue dans les rues.
Sans doute vous êtes en train de lire ma lettre avec ce regard tyrannique
et un air de plus en plus orgueilleux, mais vous avez tout le droit. M. Dali,
vous possédez le don d’inspirer, et pour cette raison, toute l’Humanité vous
doit beaucoup, y compris moi-même.
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ReplyDeleteA true inspiration. In his rhizomatic thinking, we instigate a nomadic aberration of lucid dreams, of automatic writings, of books with infinite pages, of words of unending signifiers, least endless signifieds.
ReplyDelete.
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Yet, as tantalizing as it may be, it runs in the blood.